Un nouveau cycle, une nouvelle comète… Martina Betti en guide intergalactique nous emmène très loin… Huit morceaux de bravoure, merveilleusement élégants et subtils. Le voyage est complet, l’Italienne défie l’apesanteur en tissant des atmosphères oniriques d’une puissance rare. Les textures sont léchées, à la fois vaporeuses et intenses. Finite Infinity est un disque évocateur, digne successeur de Falling Time (2017). Ici, l’envie d’espace s’impose tranquillement. Des éléments bruitistes surnagent ("You hear rise the Secret Wind behind the Brain", "Then swims your Head", "Conceive these Images in Air"), on remarque aussi quelques field recordings, ce qui rompt malicieusement l’extase ambient distillée dans la majeure partie de l’opus. La musicienne souhaite procurer des sensations profondes à l’auditeur à travers des schémas musicaux parfois déroutants. Si l’on baigne dans une félicité contemplative, nous ne sommes jamais à l’abri de quelques attaques electro aussi vives que furtives ("Then swims your Head", "A cosmic Game"). L’évolution de l’album en ce sens est intéressante. La trajectoire s’incarne dans un cosmos dense ou l’on croise la route d’un Steve Roach démoniaque ou d’un Erik Wøllo suave ("Quickly Blood").
L’aspect planant trouve sa pleine expression sur "Before the last Light is blown", titre niché au cœur de l’œuvre. Ambient/drone de dix minutes, cette plage méditative nous capte totalement. Elle rend grâce aux mystères de la vibration primordiale, et on ne peut résister à son charme vénéneux (quelques notes orientales accourent pour laisser place ensuite à un bourdonnement hypnotique). Puis un virage est opéré après les relaxants "Flicker" et "Quickly Blood". En effet, on bifurque sur "Conceive these Images in Air" et "Beyond the Line" vers des climats hautement plus obscurs. Betti alourdit son propos, les élans atmosphériques cèdent la place à des fréquences basses et lugubres ; une dark ambient ample et tendue qui clôture un travail intelligent.
