Fini Autobam, première incarnation électronique du musicien de Livourne. Simone Lalli récupère son patronyme et nous propose un EP quatre titres de bonne facture. Tension palpable durant ces dix-huit minutes, l’univers cauchemardesque de John Carpenter n’est jamais loin. Lalli est un designer sonore reconnu qui a su forger son style tout au long de ces deux dernières décennies. Ses influences viennent d’une lointaine IDM, des scènes glitch ou indus, mais sans rentrer dans le jeu des tags, on perçoit nettement un son crasseux, angoissant, à la violence contenue. Quelques éléments drum’n’bass ("Stella verticale") nous confortent dans cette impression de comater fiévreux dans un hangar poisseux au milieu d’une rave sauvage, où les sourires ne sont en fait que des grincements de dents.
Les morceaux s’enchaînent et ne varient pas stylistiquement. Une affaire rondement menée par l’Italien, qui nous maltraite avec ses pulsations martiales ("Aurora"), nous plonge dans l’effroi quand le synthé devient clinique ("Sopra sotto") et nous atomise avec sa rythmique frénétique. Pas de temps mort, l’oppression progresse inexorablement… La claustrophobie nous gagne et ronge notre cortex chargé de meth. On relève néanmoins quelques tentatives d’évasion : intro chill-out de "Galleggia lontana", nappes fugaces et motifs synthwave harmonieux sur "Stella verticale", mais le propos est noir.
Dans ce panel modestement large de musiques électroniques, Lalli arrive à parfaitement digérer ses inspirations pour produire un disque pleinement cohérent. On peut reprocher par moments certains effets glitch un peu crispants et ce manque de respiration ; mais ce n’est qu’un détail car l’œuvre maintient consciencieusement ses canons. Nous attendons en tous les cas avec une certaine impatience un format long pour voir si la maîtrise technique qui caractérise cet artiste sera toujours de mise.