À l’écoute de Nostalgia, quatrième album des Canadiens de Spectres, on ne parierait pas sur les influences anarcho-punk qu’ils revendiquaient à leurs débuts. Pourtant, ces inspirations existaient bien sur le premier effort de la bande, Last Days, sorti en 2010. Leur son a progressivement évolué, la voix caverneuse et noyée sous les effets a laissé place à un chant beaucoup plus clair, l’urgence des premiers morceaux a été remplacée par un côté beaucoup plus mélodique.
Si Nostalgia reste un disque de post-punk, une bonne partie des titres est fortement influencée par la new wave. "The Head and the Heart" ou "Years of Lead" auraient tout à fait pu sortir dans les années 1980 tant ils rappellent The Chameleons ou Echo & The Bunnymen. On pense fortement à Depeche Mode à l’écoute de la ligne de basse de "Fate" et "The Call" a presque des accents smithiens, surtout dans le chant. Sur le mélancolique "Dreams", la voix du chanteur prend des intonations aériennes pour un rendu très réussi. Tous ces titres d’inspiration new wave sont bons, mais certains sont sans doute un peu trop linéaires pour être véritablement marquants.
Le disque devient plus intéressant quand le groupe renoue avec l’énergie. Il faut attendre "Pictures of Occupied Europe" pour voir l’urgence post-punk ressurgir, plus agressif tant dans le chant que dans la mélodie. Un véritable coup de fouet qui fait du bien, à l’image d’ "Insurgence", tout aussi nerveux. Mais la véritable fulgurance de l’album arrive à la fin. "Along the Waterfront", avec ses nappes de synthés, sa basse ronflante et ses guitares acérées, s’impose comme le titre qui parvient le mieux à faire le lien entre l’énergie post-punk propre à Spectres et les influences new wave qui imprègnent Nostalgia.
En plus de dix ans, le son de Spectres a sérieusement évolué. Ceux qui ont aimé leur côté deathrock ne seront peut-être pas emballés par ce quatrième effort mais ils auraient tort de ne pas lui accorder une écoute. Très référencé, ce Nostalgia porte vraiment bien son nom, esthétiquement autant que musicalement. Même s’ils ne viennent pas renouveler le genre, les Canadiens lui rendent un hommage appuyé et plutôt réussi.