Bel essai : JL Courchet a fait appel à la voix de Bow Ever Down, aka Kimberly, pour embellir ses compositions. Et la formule fonctionne. Là où ses arrangements sont clairement dans une lignée gothique industrielle, la tessiture et la mélancolie de Kimberly apportent les éléments d'un metal gothique (sans les effarouchements criés). On a ainsi quelque chose qui se tient, entre plusieurs gimmicks et qui est capable de pondre de la profondeur ; ainsi "A Speck of Light" joue de la lourdeur.
Les idées d'orchestration classiques ne versent ni dans l'heavenly ni dans la dark folk : "Breathing in breathing out" bénéficie de cette assise sérieuse, mais en profite pour semer la trouble avec les apports synthétiques. C'est clairement une voie à explorer (les voix de chœurs en contrepoint font leur effet). Pour "Enter the Dream", la composition est pleine de détails, de cassures, de changements d'ambiances qui vont dans le même sens et explorent bien les possibles : il ne lui manque qu'un coup de fouet plus prononcé et que la répétition en concert donnera sans doute. De même, l'énervement plus accentué de "Perturbation" et ses détails orientalistes ravivent des climats générés par Sleeping Dogs Wake et là encore les volutes additionnelles de chants ont leur intérêt : ce sont évidemment des fenêtres ouvertes qui seront capitales.
Cependant, à mesure que les compositions défilent, une attente se forme : on souhaiterait une plus grande mise en danger au niveau du chant. Kimberly reste souvent dans sa zone de confort ; on aimerait plus de surprises, comme celle que révèle la partition de "Heaven". S'immerger dans différents jeux de rôles ou livrer un engagement plus fort (non pas technique, mais dans la sensibilité) assurera au projet un niveau bien supérieur. C'est ce que le duo entreprend avec le joliment troussé "Paradoxe", entre trip-hop et pop mélancolique, où chaleur et glace s'équilibrent astucieusement.
Clairement destiné en premier lieu aux copains et connaissances, ce premier jet de leur collaboration en appelle un second. Il reste des éléments à améliorer, en terme de dynamique – car ça sonne malheureusement poussif dans les passages qui devraient être entraînants – comme le refrain de "V" ; et puis "The Poison" (la plus gothique, à la Eva O) démarre avec un son bien plus élevé qu'on aimerait étendu à l'ensemble de l'album. S'engager aussi dans la variation des rythmes pour susciter des accélérations ou des montées, tel que le groupe s'en approche, donnera aussi un atout supplémentaire. Reste que ce Spiryt featuring Kimberly a son propre ADN ("Effigie" est une autre réussite) et peut déboucher sur quelque chose d’intéressant et singulier.