Hymnus In Noctem entre. Aucune effraction : la voix charnelle d’Erszebeth (Audrey Bucci au civil, de Crushing Blow) a cette singularité, cette émotion enfouie et qui porte. Alors même que le disque se termine et que le silence reprend l’espace, quelque chose reste en vous, une encre imprimée. Les enregistrements précédents – parmi eux ceux que nous connaissons le mieux, Sturm Und Drang (2022) et Prometheus Unbound (2020) – avaient cette force pénétrante. Et sur l’ultime Hymnus In Noctem, c’est un raffinement inédit que le groupe ambitionne. Aux instrumentations, Nicolas Lordi œuvre. Là où le binôme a pu jouer la démonstration de force sur certains travaux (ce qui lui est allé fort bien), Hymnus In Noctem se remarque d’abord pour son intimiste cinématographie : une forme sinueuse et pénétrante touchée en propre, sépulcre de la délicatesse ("The old Essence", "Weep your Souls") et qui par le ventre vous attrape (les doublages de voix, très beaux, sur "As a wealthie Fount").
Décrit comme un "hommage à la Nuit comme Déesse primordiale et muse inspirante de la mélancolie créatrice", le disque déploie en cohérence un sépulcre posé : la posture lyrique est "rentrée", la plastique musicale, exigeante toujours, traduisant au plus fort ce que les mots peinent à embrasser de ce qui vous travaille en permanence ("Her naked secret Shows"). Il y a une martialité, en discrétion ("Light do but serve the Eye"). De la méticulosité, une inspiration, une gravité. Les mots, sur Hymnus In Noctem, sont empruntés à The Shadow Of Night, du dramaturge anglais des XVIe et XVIIe siècles George Chapman.
Le niveau d’esthétique globale atteint par le binôme et celui de l’interprétation d’Erszebeth gagnent aujourd’hui la puissance d’une peinture. Puissance ondoyante, onduleuse. Le disque se termine, mais quelque chose flotte alentour. Rien ne meurt, tout se transforme.