Exactement huit ans après le double CD There Is No Reason To Believe That Music Exists, le projet de Frédéric Temps, Tempsion, sort enfin son troisième album The Golden Program-mm. Tout aussi riche que les précédents, on sent bien que le disque a été conçu autour d'un fil narratif, d'une introduction très sombre et mélancolique ("We're inside now") vers des ambiances beaucoup plus délirantes et survoltées, et peut-être une vision plus optimiste ("Horizon"). Accompagné par le fidèle Black Sifichi à la voix, ainsi que Sayoko Papillon, Charley James et le violoncelliste Erwan Le Guec, Frédéric Temps, par ailleurs programmateur cinéma bien connu de L'Etrange Festival et des Utopiales, continue son exploration d'un univers électronique rythmique, fou et syncopé, qui a su retenir les leçons de la musique industrielle (le martial "We're inside now"), des soundtracks ("Ethel's Corner") et des pionniers de l'electro expérimentale (un hommage à Delia Derbyshire, Daphne Oram, Ruth White et les autres pionnières de la musique électronique et concrète des années 1960 avec "Wis (Woman in Science)"), y ajoutant aussi des touches de drum'n bass ("Praxis").
Avec un sens du groove plus percutant que jamais, Tempsion nous livre un premier extrait vidéo bien représentatif de l'énergie du vinyle avec "Electrify me" réalisé par le fameux Jérôme Lefdup, comparse de longue date. On a aussi l'impression qu'à travers ce disque, le musicien opère un regard en arrière. "We're inside now" renvoie à son projet des années 1980, Prima Linéa, bien dans la lignée du Laibach symphonique de Krst Pod Triglavom - Baptism ou du Test Dept de la fin des eighties. De la même façon, on pourra ressentir beaucoup d'influences qui ont marqué le projet mais rassemblées autour d'une impression d'ensemble assez joyeuse (Black Sifichi s'en donne à cœur joie sur "Praxis" et "DigDas", sorte de mélange d'abstract jazz, de techno-funk rentre-dedans et de musiques pour générique de L'Etrange Festival). Les titres les plus narratifs se révèlent aussi souvent les plus hypnotiques (le terminal "Horizon"). Mais c'est surtout ce gros son qui impressionne, massif, plein de samples et de basses, qui mérite vraiment une bonne sono et rendu brillant par le travail de production de Denis Lefdup et par le mastering de Norscq. Les amateurs de musiques inclassables devraient y trouver leur compte.