La sculpture, réalisée à l’époque médiévale, représente le tourment des damnés. Aujourd’hui, cette musique signée Christopher Walton (ex-Endvra) réverbère pensées et émotions du musicien face à cette forme minérale : une relique datée du XIIème siècle, reposant dans la crypte de York Minster. Elle s’adresse aux esprits perdus : pécheurs, jouisseurs, égoïstes et esclaves du stupre. Elle les prévient. Voilà ce qui vous attend.
C’est le retour de Walton après cinq ans d’absence. Le musicien et photographe a pu dire avoir l’impression, parfois, d’avoir fait le tour de la création ambiante. L’homme exècre l’habitude. Mais il se remet périodiquement à l’ouvrage et s’il le fait, c’est à la "lumière" d’une idée nouvelle, ou sous l’effet de facteurs exogènes. Faire pour faire, à d’autres : un besoin se décrète de lui-même, ou le "faire" est provoqué.
Le nouvel album de TenHornedBeast, enregistré à l'hiver 2021/2022, couche une anxiogène forme sonore, imprégnée des temps d’observation de la relique. Si la forme est sculptée et sujette à variations d’intensité et d’épaisseurs, la colorimétrie de cette musique est comme figée : TenHornedBeast opère dans des variations de noir. La relique est comme une fresque de la fournaise punitive, et les vibrations de TenHornedBeast font écho à ses reliefs tortueux, ne laissant que peu filtrer la lumière dans ces nouveaux exposés. 
Nul salut ne se dessine alors dans cette mise en forme sourde, révérence mise en images par Walton lui-même. Ce qui vous attend à l’écoute des hymnes de The Lamp Of No Light : une éternité de mal-être et souffrances dépeintes en cinq mouvements. Ceux-ci sont encadrés par les "deux morts" : "This is the first Death" (la fin du corps) / "This is the second Death" (la fin de l’âme). La tonalité de l’album est caverneuse, matérialise un ressenti sans opérer ouvertement de narration. C’est la bande-son des scènes représentées par la relique. Pas grand-chose à quoi vous raccrocher en écoutant The Lamp Of No Light, seulement une expérience hors temps, une projection infernale.
C’est un disque peu rythmique, mais dont le bruissement vous remue. En 2016, Christopher, interpellé sur les caractères environnemental et paysager de sa création sonore, disait à Heathen Harvest : "Ce qui me motive encore aujourd'hui, c'est de faire de la musique pour illustrer le lieu et les idées qui viennent du lieu."
