Le nom de The Beauty Of Gemina produit un certain écho auprès de personnes ayant traîné leurs guêtres dans des festivals gothiques ces quinze dernières années. Malgré leur succès relatif (le groupe a tourné en Europe, Amérique du Sud ou Russie mais la France, Dieu sait pourquoi, reste distante), l'identité sonore reste parfois floue. On visualise évidemment la blondeur de ce chanteur à la limite de l'albinisme, mais aucun titre ne s'est particulièrement fixé dans notre mémoire. Allez savoir pourquoi.
Après - déjà ! - huit albums, le valeureux groupe helvétique dont Michael Sele est le chanteur et maitre d'oeuvre principal, revient avec une nouvelle production intitulée Skeleton Dreams.
Cet album sera-t-il, alors, celui qui marquera notre esprit ?
Les conditions d'écriture de cette nouvelle production doivent être évoquées, car ayant notablement orienté l'atmosphère générale qui règne ici. Sele a révélé avoir été opéré du cœur, avec une complexité dans l'intervention et des conséquences notables en terme de récupération post-opératoire. Totalement rétabli, cet accident de santé a indéniablement impacté sa production artistique.
L'album a de façon générale un aspect apaisé, une douce langueur imprégnant nombre de titres ("Naked", "Rainbow Man"). Le troisième morceau sonne très blues, dark folk, virage déjà emprunté sur certains albums précédents. Aucune incongruité pour autant, "Maybe God knows" nous fait circuler sur une crête ésotérique et incantatoire très réussie. Quant au traitement de la voix sur "Friends of mine", il apporte un aspect touchant et intime au titre, Michael se mettant à nu et sans artifices.
L'ambiance darkwave reprend régulièrement ses droits ("Dark Suzanne"), l'ADN de notre helvète faisant valoir sa prévalence et la reprise risquée mais globalement réussie de "Nine While Nine" des vétérans goths The Sisters Of Mercy en est l'illustration parfaite.
Cette nouvelle production arrive aisément à nous convaincre que The Beauty Of Gemina et son leader ont une identité, portent une intention artistique personnelle. Pas nécessairement d'une originalité inouïe, mais identité et intention valant clairement la peine qu'on s'y attarde. Le spleen, celui-là en tout cas, est toujours bienvenu.
