Flood est la sixième parution pour The Funeral March Of The Marionettes, projet fondé en 1987 dans l'Illinois et dont le nom intégral est trop longuet pour apparaître sur la pochette de ce nouvel EP.
Le titre de l'EP est celui d’un classique des Sisters Of Mercy, période Floodland. OK. La police du lettrage du nom du groupe fait plus que rappeler celle des Sisters. OK. Quant au Déluge de Gustave Doré (gravure sur bois dont le destin premier était de servir visuellement l'Ancien Testament in La Sainte Bible selon la Vulgate – version pleine ci-dessous), il fait des émules : le fragment exploité ici pour la pochette l’a été peu ou prou par The Mission sur l’artwork du dernier album studio Another Fall From Grace. Bien. Difficile de faire plus référencé, pour ne pas dire pire. Disons que ceux qui n’auraient pas encore compris pourraient peut-être étudier l’origine de l’expression "pousser mémé dans les orties".
Pour autant, le son de The Funeral March (on les appellera comme ça) ne se résume pas à un ersatz des exploits des godfathers du gothic rock. Ils ont quand même leur petit truc. L’EP présente donc un total de cinq morceaux, dont deux prises originales définitives et trois mixes alternatifs réalisés à divers stades de travail. Le menu principal se résume au single éponyme et à la face B "Fall down". "Flood" offre une tournerie assez élancée et aux reflets tribaux : The Funeral March s’appuie sur cette rêche hypnose pour approfondir un travail de climat qui faisait le menu d’une version démo marquée davantage, elle, par les formes du rock gothique 80’s. Le mix demo de "Flood" se trouve en fin de parcours. Forme plus élancée et vibration classiquement goth : les échos acides rappellent le son caverneux des années 1980 (après tout, The Funeral March est né à la grande époque) sans en avoir tout à fait le souffle. Mais l’émotion y est, et c’est bien le principal.
Quant à "Fall down", les références assumées publiquement par le bassiste et chanteur Joe Whiteaker (références au "Fear of Ghosts" de Cure et au "Neverland" des Sisters) donnent à percevoir – eux-mêmes le disent – les horizons que recherche cette vibration lente et hypnotique. Mais il y a un peu - pardon - d’amateurisme : les guitares, certes, sont bien intentionnées (dans leur orientation générale, elles ne peuvent que nous faire penser à celles d’un Bari-Bari, en plus économe) ; et leur acidité perce dans un océan de basses méritant pour leur part d’être épurées en attaque et calées bien, bien au fond du temps, tout le temps. Atteindre le plein effet a un prix.
Tout n’est donc pas parfait ici, mais l'écoute reste plaisante et les mixes présents au cœur de l’EP ouvrent la perspective.