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Album
21/04/2022

The Legendary Pink Dots

The Museum Of Human Happiness

Label : Metropolis
Genre : trip
Date de sortie : 2022/03/18
Note : 65%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Un album des Legendary Pink Dots s'appréhende avec un sens du sacré quand on est fan. Les autres regarderont ça avec un petit sourire en coin. La discographie d'Edward Ka-Spel est vertigineuse par le nombre. Et l'on sait aussi que chaque disque a son ambiance générale, ses tonalités ou couleurs et ses passages magnifiques sur lesquels on reviendra forcément, mais qu'il faudra dans un premier temps savoir repérer dans cet amoncellement sonore pour mieux les apprécier. Le dernier long format Angel In The Detail datant de 2019 (aussi chez Metropolis), on a eu plus de temps que de coutume pour approfondir. Nous sommes donc prêts pour de nouveaux titres.

La première pièce de ce cru 2022 est un long morceau hypnotique qui cache sous des travers prog une félicité new wave clinquante – digne de The Tower ou Any Day Now. Pourtant, pour avoir accès aux jolies pointes, il faut accepter les répétitions, les détails dysharmoniques qui louvoient. Le groupe s'amuse et refuse le tube propre qu'il sait écrire. "Cruel Britannia" épouse un rythme disco-rock gentiment brit-pop, mais sans refrain appuyé, perdu dans les souffles de fusées qui décollent et qui interrogent les atermoiements de la démocratie et de l'amour des autres. "Hands face Space" renoue également avec les volutes synth-wave primordiales, mais le canevas bifurque vite vers une psyché-folk progressive accrocheuse, mais en partie décevante.

La tonalité est introspective sur plusieurs titres, c'est-à-dire que la musique sert d'accompagnement à une prise de conscience (altérée) du leader et le suivre n'est pas aisé. Les fans du groupe le savent : "Cloudsurfer" ne survivra sans doute pas à ses trois écoutes polies : gonflée par le heavy sixties et les nappes kraut, la composition ne sait pas forcément où aller, mais elle trace une route psychédélique. "Postcards from Home" est bien plus pertinente, triste et mélancolique, sur un fond minimal-jazzy répétitif.

Les arrangements, heureusement, sont une force et beaucoup de fans aiment traquer les détails qui parsèment par touches les compositions. "Coronation Street" fait partie de ces pièces qu'il faut observer au microscope auditif. La voix mutine se promène dans un paysage chatoyant : oui, encore une fois, on peut songer à des trips liés à des hallucinogènes en écoutant les Pink Dots... On sait aussi que "Tripping on my Nightmares" deviendra un compagnon du soir, une fois sa montée saturée intégrée dans notre cerveau.

La voix trône, exigeante et toujours juvénile ; on l'apprécie particulièrement pour sa richesse sur le conte "The Girl who got there first", même si ce titre manque aussi d'une stabilité. De nombreux samples font état de foules qui applaudissent ou crient, comme si la solitude liée au confinement devait se conjurer par la musique. "There be Monsters" narre ainsi de manière métaphorique l'invasion du virus dans un village, une submersion que le groupe a vécue en direct lorsqu'il a tourné pour ses quarante ans d'existence, gagnant chaque soir une nouvelle destination soumise peu de jours après à des interdictions. À l'opposé, la berceuse accompagnée de chants d'oiseaux et jouée au piano, "A Stretch beyond", est un moment de calme ; moment doublé par la psalmodie au clavecin électronique qui finit l'album : "Nirvana for Zeroes" est un nouvel anthem du groupe, classique dans ses aspects maniérés et expérimentaux, long voyage en territoires baroques.

L'album selon Ka-Spel est conçu comme un bûcher expiatoire face à la folie humaine. "Nightingale" a cette dimension cérémonielle qu'on apprécie chez les Dots : intime et publique à la fois, un rituel proche de nous et pourtant élevé. Combien planeront une fois de plus ?

Tracklist
  • 01. This is the Museum
  • 02. There be Monsters
  • 03. Cloudsurfer
  • 04. Cruel Britannia
  • 05. Nightingale
  • 06. Hands face Space
  • 07. Coronation Street
  • 08. Postcards from Home
  • 09. The Girl who got there first
  • 10. A Strecht beyond
  • 11. Tripping on my Nightmares
  • 12. Nirvana for Zeroes