Avec seulement une session live de "More is Less" postée sur Youtube en mai 2018, The Murder Capital, groupe originaire de Dublin, a réussi à susciter l’intérêt chez les amateurs de post-punk grâce à un titre rageur et puissant. Le quinquet a récidivé début 2019 d’abord avec "Feeling Fades" puis "Green and Blue" trois mois plus tard, deux titres d’une rare intensité sur lesquels le fantôme de Joy Division plane de manière incontestable. Les attentes pour ce premier album étaient à la hauteur de la place occupée par le renouveau de la scène post-punk outre-manche ces derniers mois avec le succès de groupes tels que Idles, Fontaine DC ou encore Shame.
The Murder Capital n’a pas cédé à la hype et a pris le temps de peaufiner son album en studio pendant six mois… et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat ne déçoit pas. Le groupe n’est pas un énième clone de Joy Division. Bien sûr il y a cette noirceur commune et James McGovern chante lui aussi comme un possédé, mais la sincérité qui émane de ce projet est quasi palpable et cela donne lieu à de véritables moments de grâce tout au long de l’album. De la tension émanant de "For Everything" à l’émotion dégagée par le titre "On twisted Ground" en passant par le spleen de "Green and Blue" jusqu’au final à fleur de peau "Love Love Love". Tout est réussi sur cet album tantôt lumineux, tantôt ombrageux mais toujours juste. Le titre "Slowdance" est sans doute le plus caractéristique de cette ambivalence avec une première partie calme - presque chamanique - qui bascule vers une explosion de guitares sur la seconde avant de se terminer magistralement au violon. When I Have Fears est un grand disque de post-punk qui écrase la concurrence, un grand disque tout court. Un de ceux qui prend aux tripes et vers lequel on revient sans cesse, la rage au ventre et les larmes aux yeux.