Voilà une petite pépite garage pré-punk ("Traces") sortie cette année. La voix de Mike Brandon est rageuse et adolescente à souhait, le son bien rugueux et les morceaux ont la brièveté adéquate, celle de l'énergie, du rien-à-foutre et des glaviots crachés par terre dès que l'autorité a le dos tourné.
C'est évidemment totalement daté et donc décalé ; comme si on découvrait soudain qu'on était passé à côté d'un séminal premier album en 1979. On peut râler contre le procédé, mais pas longtemps. Titre après titre, sur ce deuxième album, la qualité des compositions et la justesse de l'interprétation séduisent. On se pâme de plaisir au son sautillant de "Can't get through to my Head". L'album est conçu avec audace, enchaînant sans temps morts, créant des tubes immédiats ("Wish that she'd come back", "Watching the News gives Me the Blues", "It's allright") qu'on jurerait avoir entendus dans les années 1960, 1970, 1980 ou même l'an passé, convoquant cette fougue présente dans le premier B52's ("Someone Else is in Control"). C'est rock, funky, ils empruntent à de la mauvaise surf music (la meilleure, qui ne se prend pas la tête et en appelle au farniente et à l'abandon) ou des chutes de démo des White Stripes revitalisées par le psychédélisme de plusieurs parties qui se mettent à délirer et à sentir le live de fin de nuit ("Thick Skin"). Quand on s'est fait à leur guitare et au dynamisme des parties rythmiques (basse de guingois, batterie réduite au minimum), c'est le synthé qui crache ses drôles de notes sci-fi.
C'est frais, juvénile, foutraque et en même temps très professionnel : ces gaillards de Brooklyn savent où ils veulent aller.