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Album
22/10/2020

The Wake

Perfumes And Fripperies

Label : Blaylox Records
Genre : gothic rock / death rock
Date de sortie : 2020/10/30
Note : 75%
Posté par : Emmanuël Hennequin

S’il en est que pas grand monde n’attendait en 2020, c’est peut-être eux : The Wake, originellement formés au milieu des 80’s, ont biberonné au son des origines du mouvement gothique (à guitares). Mais eux, dans l’esprit du public, font plutôt partie de la seconde vague : un (petit) wagon comme remis sur les rails courant 2020, illusion naissant au gré du cumul des retours. 90’s gothic revival ? L’idée ne sera pas pour déplaire aux plus nostalgiques. Après Rosetta Stone, patronyme réactivé en 2019 par Porl King avec le vrai-faux album du retour Seems Like Forever (le vrai-vrai s’avérant le cru 2020 Cryptology), Troy Payne et ses acolytes  - dont Rosetta Stone remixa  le classique "Christine" au milieu des 90’s – remettent le couvert en cette fin octobre. Et c’est avec Perfumes And Fripperies, un ensemble de nouvelles compositions nous donnant l’impression de les avoir quittés… hier.

The Wake a su marquer son temps. Si le goth rock 90’s reste – à notre avis – dominé par la production première des Allemands Love Like Blood, ces Américains étaient, dans le genre, tout sauf négligeables. Pas des seconds couteaux. Leurs guitares aux brumes acides se remarquaient et nourrissaient des ensembles pouvant se targuer d’une certaine force ; et surtout, d’un style. Il y a une colorimétrie dans le son du groupe, et sa réputation ne se défera certainement pas avec Perfumes And Fripperies.

Car ce retour ne se fait pas à la légère. Un souci de globalité imprime d’abord la collection 2020. L’enregistrement s’est déroulé dans plusieurs studios différents, mais ils ne mentent pas lorsqu’ils affirment à son propos l’unité du reflet. Une force. Concédons néanmoins, sur le plan esthétique, une prise de risques minimale : The Wake reste éminemment ce qu’il est, un son comme figé dans une époque. Réponse aux attentes nostalgiques en même temps que l’expression d’un instinct collectif, une nature. Rien, ou si peu de choses changent dans la résonance globale, sa pellicule diaphane, qu’il sera parfois éprouvé pour ces chansons une émotion comparable à l’affection singulière que nous gardons pour le premier format album, Masked (Cleopatra, 1993). Elle germe du constat, du spectacle, de la fermeté d’intention. Claire, naturelle. Faut-il se forcer à faire autre chose que ce que l’on sent ? Les guitares jouent en cette partie, en tout état de cause, un rôle essentiel. Qu’elles en soient remerciées : l’ensemble se tient avec honneur.

Alors oui, il y a peut-être au terme de cette primeur donnée au climat (l’introductif "Daisy") un peu moins de nerf que ce que nous aurions voulu. Mais l’ambiance est une force et The Wake l’entretient avec savoir-faire. Les voix de Payne, plus reconnaissables que jamais, marquent une collection aux choix assumés. Plan colorimétrique maintenu : il ne s’agit pas de reformulation, mais de confirmation. Un choix commun à nombre d’albums du retour : revenir, c’est d’abord rappeler d’où nous venons. Rien d’étonnant alors à ce que dans le mid tempo éponyme "Perfumes And Fripperies", se retrouve (comme ailleurs) cette lancinance, part éminente du son des Américains et concourant à cette impression d’étouffement qui, de tout temps, imprègne la toile. Les ambiances marquent, et particulièrement celle d’ "Everything". Un des moments forts, couché en bonne compagnie : Wolfie (Red Lorry Yellow Lorry) marque de sa présence ce morceau de lourde signification personnelle pour Troy. Moment puissamment habité, perte du père en filigrane. Les ambiances donc, si familières : nous les prenons, ce qui n’empêchera pas de préférer The Wake pour ses développements plus dynamiques ("Marry Me" ou "Rusted 20", remake du "Rusted" du début 2014, mais aussi et surtout ce "Hammer Fall" plein d’élan). Ces derniers, malheureusement, manquent. Concentration sur la création d'atmosphères, creusées au risque d’un effet de léthargie (la suite "Emily Closer" / "Big Empty"). Sentiment, parfois, d’un déséquilibre dans l’exposé. C’est le bémol, pas assez gros pour encombrer.

En fin de parcours rejaillit une forme de robustesse à travers la version de "Rusted" qui s’associe les services de Caroline Blind (le Hz Healer Mix). Salvatrice. Le feeling est très… américain, forcément : les chœurs de Caroline sonnent Christian Death, période Gitane. Souvenirs, et un épice bienvenu à l'issue d'un cru dont nous garderons avant tout la force d’un style conservé. Ils restent bons, mais secure. Sécurité, médaille à deux revers : petit sentiment de répétition, inférieur en intensité, en l’occurrence, au plaisir que nous avons à retrouver ces choses bien faites – et, à travers elles la permanence d’une tradition que nous croyions irrémédiablement enfouie dans le passé.

Tracklist
  • 01. Daisy
  • 02. Hammer Hall
  • 03. Marry me
  • 04. Break me not
  • 05. Perfumes and Fripperies
  • 06. Rusted 20
  • 07. Everything (feat. Wolfie)
  • 08. Emily Closer (MH direct-drive mix)
  • 09. Big Empty
  • 10. Figurine
  • 11. Rusted (Hz Healer Mix feat. Caroline Blind)