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Image de présentation
Album
12/04/2020

The Wicker Man

The Wicker Man

Label : autoproduction
Genre : ethno dark pagan world
Date de sortie : 2020/03/01
Note : 70%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

The Wicker Man m'a envoyé un CD pour chronique ; celui-ci est une simple pochette cartonnée sans titre d'album, sans notes, sans liste des morceaux. J'ai une adresse, un mail et je sais que la photo a été prise lors d'une des éditions du festival L'Homme Sauvage.
Les treize pièces de ce disque mystérieux et anonyme explorent plusieurs possibles. On entre dans un cérémoniel, sans avoir les codes, mais peu importe. Le paganisme du départ, qui prend régulièrement un bourdon pour envahir l'esprit, cède place à une musique plus ouverte, plus "world" ou "new age" dirons-nous, du temps où ces registres s'appliquaient aussi à Dead Can Dance (le virage post Aion). Les rythmiques sont souvent envoûtantes, les instruments utilisés témoignent d'une profusion d'envies. Seuls quelques titres sont chantés, comme la cinquième piste, planante et folk mutante.

Un petit coup d'écoute dans la voiture et des titres s'affichent sur le lecteur (ah, la modernité !). Le climat se fait de plus en plus brassage oriental, délaissant les terres un peu froides pour des nuits plus chaleureuses ("Andal", septième titre). Le résultat est évocateur, la manière de restreindre les informations renvoie à une lointaine époque où les cassettes copiées perdaient leur jaquette. Reste la musique et les émotions. "Beltan" dessine les contours d'un marché en plein air, du côté de l'Asie mineure, au carrefour d'anciennes cultures. Des bruitages s'immiscent (grincements sur "Hurdy", corbeaux sur « Huginn & Muninn »), surprenant dans le pas de côté avec les côtés qu'ils instaurent. Toutefois, la brièveté des titres n'offre pas une immersion totale, comme si The Wicker Man avait plus voulu jouer du kaléidoscope, en survolant notre planète (comme ces deux corbeaux, oreilles et yeux d'Odin qui ouvrent le disque et lui rapportent ce qu'ils ont vu du monde), volant par effraction des sonorités, des rythmes (souvent proches des berceuses) et des harmoniques (les cordes émouvantes de "Jólner"). Avec ces éléments, il livre un disque étrange, en décalage avec les modes de la modernisation (le travail d'un Phil Von, par exemple), d'essence folk et pagan, mais libre dans son interprétation datée et donc hors d'âge.

Dans un mail Joan, l'Homme d'osier, dévoile son site ; il précise que cette sortie prendra la forme d'un digipack et d'un vinyle transparent. Il cite The Moon Lay Hidden Beneath A Cloud et le nom de ce projet se rattache au film de Robin Hardy (1973), célébrant tragiquement le renouveau de la sorcellerie. Homme sauvage et Wicker Man : les fibres se bouclent.

Tracklist
  • 01. Huginn & Muninn
  • 02. Ostara
  • 03. Hurdy
  • 04. Flute
  • 05. Jean Petit
  • 06. Crow
  • 07. Andal
  • 08. Child
  • 09. Scar
  • 10. Beltan
  • 11. Inbolc
  • 12. Litha
  • 13. [NDLR : numéro de piste non attribué]
  • 14. Jólner