Angor est la seconde partie d’un format double signé du prolifique Dan Courtman, Gladio Angor. Masterisation, pour le détail : Anatoly Grinberg, poulain Ant-Zen.
La musique programmée est noire, versatile. Elle engendre atmosphère, tension paradoxales : les inflexions dansantes font des moments à la fois "malaisants" et… attractifs (le son pousse et les triturations vocales dérangent sur "Shrouts of Cries"). Thorofon, projet d’expérience, ciselle ambiances de mal-être, climats perturbés ("Fake Reality", ses couches liquides et déliquescentes). Certaines sculptures forment déambulations sans but véritable, anxiogènes ("Lingua Franca"). Ce caractère se maintient dans les constructions qui portent la rythmique en motif principal et structurant : une rythmique qui ne vous entraîne pas, vous donne plutôt l’impression de matérialiser un sentiment d’hésitation, comme si le chemin débouchait sur un vide qu’il vous restera à combler ("Machinery’s Deconstruction").
C’est un disque de fluctuations, d’expérimentation, et dont du machinisme ressort une forme d’humanité. La place accordée aux voix y contribue (le "Fool’s Cage" monté en coopération avec Te/DIS) et les formes se réinvestissent et se diluent à chaque écoute, provoquant ce ressenti curieux : une familiarité, en mélange à un insondable mystère. Le sentiment que l’on éprouve face à l’autre, sans doute aussi face à soi.