Comme une carte de bonne année, Treponem Pal donne de ses nouvelles et fait un cadeau par la même occasion. Trois reprises (et non quatre) dans cet EP qui dessinent une partie du monde Marco Neves et de sa bande, désormais stabilisée autour de Marc Varez, Polack, Nicky, Laurent et Bastien.
Leur lecture du cultissime "Ghostrider" de Suicide me renvoie non pas aux années 1970 finissantes, mais au début des années 1990 tant il me semble évident que les arrangements choisis (ces guitares qui crissent et scintillent) sonnent comme le Young Gods de T.V. Sky ("TV Sky" ou "Dame Chance" ou "The Night Dance"). Pas de méprise dans ce lien, les deux groupes firent partie des pionniers de la création de ce qui fut nommé "metal industriel", chacun travaillant un des côtés du spectre.
"Life inside" me fascine ; je ne connais pas l'original (et pour cause) et dès la première écoute, je me trouve face à un titre estampillé Treponem Pal : cette manière de moduler le chant, ce groove qui s'appuie sur un hook pour rebondir, la variation tonale qui génère de la mélancolie et de la puissance, les guitares acidifiées. Arrêtons le suspense : c'est bien une nouvelle composition, et la lecture de la feuille promo confirme mon erreur préalable. Bon, je me remets ça encore une fois car c'est bien bon, et surtout, ça tempère la reprise du "Cherchez le Garçon", audacieuse, mais qui ne me touche pas. Je ne retrouve pas l'époque, pas le côté bancal, pas la délicatesse narquoise (même si la voix de Béatrice Demi Mondaine ouvre un espace – ensemble, ils avaient déjà repris "Some velvet Morning" au temps de Rockers'Vibes). C'est sympa pour brailler à plusieurs, mais l'essai n'est pas transformé et je ne veux pas d'un Treponem Pal dans la ligne des groupes de reprise comme Opium Du Peuple ou Le Bal Des Enragés. C'est un autre état d'esprit.
En revanche, le coup est très fort pour Bauhaus dont le "Double Dare", hypnotique, retrouve force et sensualité à travers un numéro de crooner parfaitement équilibré. Les "ouuwaaa !" sonnent comme ils doivent sonner aujourd'hui, entre surf à la Misfits, invocation et chant de stade. Sans non plus effacer le reste. J'apprécie aussi que le groupe se frotte à ce titre, le premier du premier album, celui qui annonçait que les auteurs de la blague potache "Bela Lugosi's dead" allaient faire souffrir.
Un EP comme un petit plaisir pour le groupe, avec une pochette remarquée et un second clip végétalisé de Stéphane Hervé pour enfoncer le clou. On y retrouve pas mal de bonnes vieilles têtes venues pour jouer les figurants ! Là encore belle surprise pour la nouvelle année.
Ces derniers temps, Treponem Pal retourne le sablier, et sa vigueur est motivante.
