La série des compilations Dark Britannica forme une œuvre en tant que telle pour Justin et Jo Mitchell, auxquels est dû l’assemblage de ce nouveau double-volume, quatrième de la série après les ensembles référencés John Barleycorn Reborn. Mais c’est fois, c’est la conclusion qui vous tombe des mains : volume final d’une série promettant de connaître estime, tant par son florilège, éclairé, que par la conséquence desdites collections.
Subdivisée en deux parties de seize titres chacune, toutes deux masterisées par le coutumier de l’étape Martin Bowes (Attrition), ce Dark Britannica IV explore une nouvelle fois l’héritage dark folk britannique tout en se maintenant dans une certaine actualité : un nombre conséquent de prises ici répertoriées date de la dernière décennie et maintient la tradition d’un son empli de brumes, poésie lugubre et noire résonance. Signe d’une réussite : Peter Ulrich, collaborateur de Dead Can Dance, honore l’ensemble de sa présence (son "Lammas Dance" introduit le CD II).
Les tonalités éventuellement plus noires et rêches de la seconde moitié (Tim Layne & Hayley Evenett avec "Gallows Song") ne dominent pas tout : elles laissent large place à des choses aux résonances acoustiques plus claires et dont le folklore se superpose à des tonalités délicatement psychédéliques et quasi-60’s (Brocc avec "Call of the wild Woods"). Parmi nos coups de cœur : les tonalités rituelles et cinématographiques du "Summer" de Coma Wall (2013, émotion pure jouxtant americana et folk) [photo], une chanson intemporelle (Beau avec "The Roses of Eyam", enregistré en 1975), la litanie douce de CJ Mann & Becky Sharp sur "Fine Lines" (une voix, sur le coup, aux intonations à la Monica Richards). De démonstration, jamais. La force est celle du sensible.
Il y a aussi, dans nos préférences, le binôme Venereum Arvum avec "Dragon Hills" (féerie quasi-hippie enregistrée en 2020, les dragons volent alentour), les paysages fantomatiques et dérangés d’Alex Monk avec "Ilud Tempus", et puis cette splendide introduction à l’ensemble signée Winterfylleth : "Æcerbot III", enregistrée avec une formation augmentée et comprenant notamment Jo Quail au violoncelle. Impossible de les citer tous, tant la compilation regorge de belles choses en quasiment cent-soixante minutes, conclues par les délicates vapeurs acoustiques d’Ignis Astrifer ("Eldorado"). Une somme, en même temps qu’une ode à Dame Nature et autant d’angles ouverts. Angles en forme de questionnements quant à notre rapport à tout ce qui nous entoure.