Un vieil écho de la fin des années 1970, début 1980. Urbanité décatie de la pochette, de points et zones de plein noir. C’est évocateur, pas tape-à-l’œil – intrigant. À l’image de ce qui vous attend sur le disque.
Un son hypnotique, froid, aux guitares décharnées, basses linéaires mais qui trouvent parfois ce piquant du funk blanc early 80’s (on y revient toujours, pardon d’insister). Envie de danser tandis que les voix se positionnent sans manières dans le flux. Vox Low a de la bouteille. Pas de démonstration en ces choses, une expressivité blafarde. La puissance est rentrée : leur expérience, leur retenue font la chair de ce son minimal. Vox Low restaurent l’afterpunk à leur façon et créent cette tension paradoxale : étrange non, cette envie qui vous prend de danser tandis que vous gangrène le sentiment d’inquiétude ("It grows") ?
Le groupe fait le lien entre passé et futur et pose la question du devenir ("Distance"). Les textes pourraient être perçus comme cryptiques, eh bien chacun interprètera. "Breathless Tuesday", plus de downs que d’ups. Et puis les guitares se disséminent : angulaires, pas encombrantes, elles colorent judicieusement et donnent au son une distinction, une aridité. Elles rafraîchissent. Il faut dire que Keep On Falling est venu sans se presser (cinq ans depuis le premier opus homonyme) alors il était espéré que ça vaudrait le coup.
Ça le vaut. Le Vox Low 2023 est un son plein de distinction, porte souffle et climat ("I know, I will"). Le beat est sûr, pulsation-battement de cœur, minimum strict sur lequel prennent appui ces basses qui vampirisent l’espace et feront que les corps bougent ("A Love Affair", "Henry Rode"). Vox Low distribue les coups et vous hypnotise tout du long : Keep On Falling, disque de méandres qui se gagne écoute après écoute même si dès la première, vous avez le sentiment de tenir quelque chose. L’affaire se termine sur "We walk", dont le final esquisse chaos. Musique sans déchets, style consommé. Groupe repère : un son froid, son refuge.