Alliance élégante entre le chaud et froid, The Cage est le troisième album de VV & The Void. Là où les arrangements synthétiques sont lourds, du sweet-indus (car ils n'ont pas la puissance des NIN et autres Skinny Puppy, restant pop dans leur intention), la voix se fait mélancolique et douce. C'est un habillage qui prend plus de force dès le deuxième titre, l'éponyme "The Cage" : la ligne claire de la guitare pose une aération et il faut attendre que les nappes de guitares soient plus alambiquées, viciées, que la basse martelée avec les percussions viennent noircir le propos féérique de leur ombre. C'est astucieux et la forme créée a de quoi sublimer les objectifs visés par l'Australienne Valentina Veil (elle réside aujourd'hui en Allemagne). On retrouve au mixage et au mastering James Aparicio, un habitué du son contemporain et des vagues anciennes (mixage pour Depeche Mode, Erasure, Liars, These New Puritans, Simon Fisher Turner..., et le master de nombreuses productions du label UPR). Ainsi, il fait sonner les guitares de "Devotion" avec un crépuscule southern gothic, amenant de jolies teintes sur ce titre où la chanteuse semble danser autour d'un feu (basse et percussions en trip roboratif).
C'est le titre "Grinder" qui a bénéficié d'un clip de Nastya Platinova pour en faire un single : danse étonnante en robe rouge sur un fond en noir et blanc, réveil, partie d'échecs et rose rouge avant une déambulation dans un parc. Le résultat, même imparfait, est hypnotique ; on préfèrera toutefois se focaliser sur les sonorités bien sombres et entraînantes dans ce mid-tempo sur quelques notes harmoniques précieuses.
Ce qui charme, c'est cette capacité à engager différents sentiments avec le chant, tout en restant dans un cadre bien établi, celui des voix plus soufflées qu'envoyées (None / Glaring par exemple) ; Valentina sait faire surgir de la rage, de la colère aux moments clés, grâce à des superpositions, des envolées plus hautes. Ainsi, la musique n'a pas à être véhémente au-delà du cadre défini et la balance entre hypnose et récit est maintenue. Si parfois le résultat se fait attendre (je ne ressens pas de montée sur "Mirror Mirror"), la composition globale de l'album permet de s'y retrouver, comme sur "Such is Life", à la fois beau (les volutes de la voix), grinçant (les notes lead à la deuxième moitié) et rêveur (la mélodie au synthé, sans cesse mouvante).
C'est donc davantage une musique d'ambiances qui se posent et se succèdent ("Pretty in black"), formant un tout remarqué et posant une fois de plus le nom de Valentina dans les scènes actuelles.