Par-delà les montagnes et tous les éléments terrestres gît une puissance sans nom qui doit être invoquée… Ses apôtres sont américains et se nomment : Wolves In The Throne Room ! Ce collectif du grand Ouest poursuit sa croisade, déployant à intervalles réguliers leur génie cosmique. Après l’exceptionnel Primordial Arcana, porté par "Mountain Magick", la formation d’Olympia remet les choses à plat une nouvelle fois. Crypt Of Ancestral Knowledge est un EP quatre titres, d’une durée de vingt et une minutes. Court ? Assurément, mais quelle intensité ! Nos amis sont décidément les dieux des atmosphères mystiques et profondes que seul un certain black metal parvient à transmettre.
Et justement, est-on face à une œuvre purement traditionnelle du genre ?
Pas vraiment. Si "Beholden to Clan" et "Twin mouthed Spring" suivent un cahier des charges conforme, ce n’est pas du tout le cas des morceaux suivants. Expliquons-nous. Les premières pistes sont porteuses d’une belle fureur, servies par les blast beats de Cedar Serpent. Mais comme toujours avec WITTR, l’ensemble n’est pas monolithique. Nous relevons des variations de tempo judicieuses et un sens inouï de la narration musicale. "Beholden to Clan" lorgne du côté du BM symphonique, dont Emperor s’était fait le chantre en son temps. Ainsi, les claviers secondent idéalement les trémolos instinctifs de guitares ; une véritable plongée au cœur de l’hiver (cf. la pochette)...
"Twin mouthed Spring" est plus complexe. Introduite par un spoken word malsain, la chanson s’épanouit dans une direction folk, avant de revenir vers des fondamentaux extrêmes plutôt maîtrisés. On pense alors à Ulver, dans sa première incarnation. La mélancolie s’étale, portée par le chant éraillé et toujours juste de Nathan Weaver. Puis, changement de cap. "Initiates of the white Hart" est une merveille de musique nordique tribale. L’esprit viking imbibe cette vignette véritablement réjouissante. Évidemment, on perçoit l’influence de Myrkur, Wardruna ou Forndom, à travers ce son d’un autre âge, chamanique ; mais toujours avec cette patte sombre et planante caractéristique. Quant à "Crown of Stone", il développe un style dark ambient réussi, apaisant. On navigue ici entre l’atmosphérique et une forme expérimentale plus nuancée, avec cette impression tenace de participer à un rituel sacrificiel. Une bien belle offrande en ce début d’automne !