Atmosphère, atmosphère… Wolves In The Throne Room poursuit sa croisade cosmique depuis vingt ans, sillonnant les âmes tourmentées. Leur quête crépusculaire de fusion avec les éléments naturels s’impose toujours comme un devoir sacerdotal. L’environnement sauvage du Nord-Ouest des États-Unis ne cesse d’influencer les frères Weaver, gardiens d’un culte païen millénaire.
Accompagnée depuis quatre ans par le guitariste Kody Keyworth, la paire est toujours aussi inspirée. Le black metal des Américains est ici très direct, puisant même parfois dans un fonds death. Mais la sensibilité reste de mise. En témoignent les moments mélancoliques de "Mountain Magick" et "Primal Chasm (Gift of Fire)". Primordial Arcana est donc un disque de contrastes, solidement exécuté. Les blast beats d’Aaron convoquent les esprits sombres de la forêt, exprimant au même titre que le chant de Nathan une rage vicieuse. 
Mais au sein de cette noirceur se niche un romantisme puissant et émouvant. Ainsi, l’alternance des passages calmes et chaotiques est judicieuse, le trio nous convie à un voyage évocateur, où l’on se doit de respecter la loi de la montagne. Les ambiances rituelles ne manquent pas ("Mountain Magick", "Through eternal Fields", "Underworld Aurora"), allant jusqu’à évoquer Beckahesten. Force de frappe, déluge de décibels et grandeur symphonique sont les maîtres-mots de cette oeuvre ciselée. L’ombre d’Emperor point sur "Masters of Rain and Storm", titre-fleuve où explose le talent narratif de ces Loups affamés. Entre construction classique du genre (on pense à Gorgoroth) et partie acoustique solennelle, le morceau s’étend sur près de onze minutes, propageant une aura sinistre mais hypnotique.
Enfin, "Eostre" est une bonne vieille outro. Le synthé se fait doux, augurant d’un espoir agreste. Ces musiciens d’un autre âge, reclus et totalement indépendants (ils ont construit leur propre studio), exposent une vigueur spirituelle intense et intelligente à travers leur art.
