Star Treatment, le précédent album du projet de l'influent David Eugene Edwards, datait déjà de 2016. On se demandait bien ce qui pouvait se mijoter et en voilà le résultat : une collaboration avec l'ami de longue date Chuck French (Planes Mistaken For Stars) qui a pris quatre années pour arriver à un résultat satisfaisant pour ses compositeurs. Dense, physique, le son est toujours aussi massif, mêlant les différentes inspirations qui caractérisent Wovenhand : americana, psychédélisme mystique, rock gothique, imaginaire biblique, avec toujours ce contraste entre les guitares lourdes et le chant possédé. Ça se joue aussi fort que si on était en concert, et c'est toujours aussi hypnotique, quelque part entre la bande-son d'un western crépusculaire et des cavalcades épiques.
"Temple Timber" pose l'ambiance : chant déclamé, percussions orageuses, guitares entêtantes. C'est sombre et beau comme une cérémonie. L'album alterne ainsi des titres atmosphériques et d'autres plus enlevés, se mariant toujours merveilleusement avec les grands horizons et les paysages américains. Mais entre deux ballades magnifiques qui rappellent les débuts du groupe ("Duat Hawk", "8 of 9"), on est aussi surpris par l'intégration de boîtes à rythmes et de sonorités électroniques. Discrètes à première vue, elles contribuent à la sensation d'une production particulièrement travaillée. Il suffit d'écouter "The Lash" pour se rendre compte de la singularité de ce disque : ses chants caverneux, ses amas de guitares apocalyptiques et ses étranges bruitages électroniques qui pourraient rappeler le son des grillons dans la nuit. "Silver Sash" ou "Dead Dead Beat" se construisent aussi sur une base de boîte à rythmes, même si la batterie les recouvre vite, et les torrents de saturation et de guitares grondantes.
Dans sa deuxième partie, l'album, assez court, devient plus passionnant : la basse étourdissante de "Omaha", la chevauchée incantatoire de "Sicagnu", la mélodie de banjo de "8 of 9"... On ressent la chaleur d'un désert fantasmé, et les hallucinations qu'elle provoque. Les rythmes tribaux semblent résonner dans une autre dimension et c'est étrangement planant. Le moins qu'on puisse dire c'est que Wovenhand n'a rien perdu en intensité... et on n'en attendait pas moins.
