Figure de proue de la scène minimal wave montréalaise, Xarah Dion cultive ses expérimentations musicales avec singularité depuis le début des années 2010. Après avoir fait partie des Momies de Palerme avec Marie Davidson (moitié féminine d’Essaie Pas), elle s’est lancée en solo avec un premier album en 2014, Le Mal Nécessaire, puis Fugitive en 2016, le tout sur son propre label Zodiaque Musique.
Sur ce troisième album intitulé Plein Nord, Xarah Dion continue de scander sa poésie empreinte de mysticisme avec un phrasé parlé qui n’est pas sans rappeler Peine Perdue ou son ancienne partenaire Marie Davidson. Cela lui a même valu d’être comparée à la grande Anne Clark, artiste majeure dont l’influence reste indélébile. Mais Xarah Dion n’hésite plus à véritablement chanter, comme sur le premier single très réussi "Ethos Eros". On est bien loin de la voix éthérée et difficilement compréhensible qu’elle proposait sur son premier effort.
Si Xarah varie les manières de chanter, elle varie également les ambiances. Les premiers titres lorgnent du côté de l’EBM ("Ethos Eros"), la techno façon Marie Davidson ("Volte-Face") ou encore la darkwave ("Plein Nord"). Dans la seconde partie du disque, elle renoue avec les atmosphères ésotériques de son premier album, notamment sur l’arabisante "Bucolique" et sur "C’est un Acte silencieux", aux textes toujours aussi impénétrables.
Cette rupture assez perceptible entre les deux faces du disque peut être perçue comme un manque de cohérence ou bien comme une liberté de création totale de la part d’une artiste inclassable qui n’a pas peur d’oser. On penchera pour la seconde option.