Quiconque suit Chassagnard, de près ou de loin, sait la précaution, la délicatesse, la finition. La nouvelle collection fait tout sauf exception à la règle, où les duvets digitaux vous enrobent l’âme sans qu’elle crie gare : cette electronica à la fois introspective, voyageuse et protectrice, est toute de luminosité diffuse. Des couloirs s’ouvrent, où votre déambulation quitte le temps. C’est le cas sur "II". L’effet est troublant, comme un bain cathartique. Pour autant, Chassagnard ne joue pas les prolongations : les structures sont ramassées et si recueillement vous trouvez, car certains de ces reliefs y sont propices, vous ne vous éterniserez pas.
Sur "III", la pigmentation mute et une positivité gagne l'espace : le beat, les textures évacuent les substances mélancoliques qui ont précédé. Ce dégagement, en douceur (et typique de l’art de Chassagnard – cf. Tempus Fugit, 2022), offre une variation et un contraste intéressant à cette expérience, à l’image de ce mélange de climats et de ressentis qui au quotidien fait le sel de cette vie. Timeless Travelers formule réellement un voyage mais c’est le vôtre, bande-son de ce qui ne peut être dit. L'art de Chassagnard est utile aux autres, il révèle. C'est une musique de la suggestivité ; sans paroles, sans ces mots que vous êtes seul(e) à pouvoir mettre sur ce qui vous arrive, vous émeut, vous travaille.