Lisa Gerrard a toujours su bien s’entourer… D’hommes principalement ! De Brendan Perry à Pieter Bourke, en passant par Patrick Cassidy, Klaus Schulze ou Hans Zimmer, la diva australienne a multiplié les partenariats de qualité. Un an après son association avec son camarade Jules Maxwell pour Burn, un disque que nous avions salué, la voilà de retour pour une autre collaboration exaltante. En effet, elle retrouve le compositeur italo-argentin Marcello De Francisci, célèbre pour ses musiques de blockbusters (Avatar, Mission Impossible III ou encore Hellboy). Les deux partagent une longue histoire commune. En 2010, ils commettent ensemble Departum, avant de joindre à nouveau leurs talents pour les BO d’In/Sight, Oranges And Sunshine et Samsara.
Exaudia est une œuvre riche, fidèle aux canons de la soundtrack. Il s’agit d’un opus très orchestré, serti de pièces hautement émotionnelles. La patte de De Francisci est audible dans les arrangements puissants, les vibrations de cordes ("When the Light of Morning comes", "Until we meet again") et l’art de l’emphase élégante. Nous relevons l’ampleur de cette dimension symphonique sur un morceau comme "Stay with me", porté par un climat éthéré et lumineux avant de finir dans un déluge heroic fantasy avec chœurs hollywoodiens à l’appui. De l’autre côté, Lisa mène la danse et entraîne comme toujours l’auditeur dans son univers mystique. Sa voix semble inébranlable. Parfois légère, accompagnant une forme d’electro feutrée à la Archive ou Air ("Until we meet again"), elle s’impose par son aspect solennel sur "Exaudia" et "Stories of Love, Triumph & Misfortunes". Les modulations sont toujours aussi fascinantes et l’attrait viscéral de la chanteuse pour la world music ne se dément pas. Ainsi, "Fallen", "Stories of Love, Triumph & Misfortunes" et "Exaudia Reprise" se distinguent par leurs tonalités orientales. On pense alors à Oum Kalsoum, Noa et à l’esprit aventureux de Dead Can Dance (bien sûr). Ce cru 2022 possède résolument un charme ineffable. Les compositions sont solides et l’harmonie entre les deux artistes est manifeste. Bref, trente-neuf minutes de bonheur et d’apaisement !