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Image de présentation
EP
29/07/2024

Rome

World in Flames

Label : Trisol Music Group GmbH
Genre : apocalyptic folk
Date de sortie : 2024/08/02
Photographie : Benedikt Walther
Note : 90%
Posté par : Oliviër Bernard

"Et je vis : et j'entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant à haute voix : 'Malheur, malheur, malheur, à ceux qui habitent sur la terre, à cause des autres voix de la trompette des trois anges qui vont sonner de la trompette !' " 

Ces mots de l’Apocalypse selon saint Jean semblent résonner pleinement lorsque nous observons notre pauvre planète… Jerome Reuter poursuit sa quête d’espérance et son constat amer face à la désolation globale que nous subissons. L’an passé, il avait dédié son superbe Gates Of Europe aux valeureux combattants ukrainiens ; un live à Kyiv avait d’ailleurs suivi. Notre continent s’embrase une nouvelle fois, ainsi que le Proche-Orient. Les oppositions sont exacerbées et la paix semble tellement lointaine… Alors, comment réunir les peuples ? Par la musique ? Nous le souhaitons. Est-ce encore une chimère d’imaginer que l’art peut dénouer les tensions, faire réfléchir et donner un sens commun ? En tous les cas, le barde luxembourgeois le croit et l’affirme fièrement ! Le 2 août 2024 paraît donc World in Flames, un EP de six titres, au charme indéniable. Rome propose des compositions vigoureuses et finement ciselées.

Nous remarquons d’emblée que ce disque court est divisé en deux. Tout d’abord, nous pénétrons dans un monde post-industriel résolument sombre, où l’accent est mis sur une certaine emphase martiale ("First we take Berlin"), succédant au classicisme inquiet du morceau d’introduction. Beaucoup de cordes parsèment les titres initiaux, leur conférant une dimension grandiloquente assez addictive. Les pulsations robotiques nous mènent vers des refrains audacieux, entraînants et émouvants ("Submission"). Une mélancolie perce, mais pour mieux laisser place à la chaleur, à ces accords de guitare dont le groupe a le secret. Le neofolk traditionnel s’épanouit ainsi pleinement sur "Eagle Wings" et "Todo es nada". L’ambiance devient pastorale, l’expression est dépouillée, les cœurs se serrent. Nous relevons un peu de dark ambient, des heavenly voices et nous sommes saisis par la candeur de ces pistes, donnant de la couleur à cet opus. Puis, la noirceur est de retour avec "World in Flames". Un instrumental minimaliste, planant, mais truffé d’obscurité latente. Le drone de départ évolue vers une forme plus solennelle, pouvant évoquer Aghiatrias. C’est beau, et en même temps terriblement pessimiste… Nous sommes happés par ce son hynotique, une torpeur malade qui annihile toute forme de résistance… Affronter l’indicible, mais à quel prix ?

Tracklist
  • 01. Vol de Nuit
  • 02. First we take Berlin
  • 03. Submission
  • 04. Eagle Wings
  • 05. Todo es nada
  • 06. World in Flames